C'était trop peu
D'avoir jailli
En feu
De l'Etna
Devant les foules en liesse
D'avoir cueilli caresses
La gloire
et cetera...
Trop peu et trop facile
D'avoir chanté : « Sicile ! »
De ses jambes
Et ses bras.
Dieu pour lui
C'était l'heure
C'était l'âge
Désirait
Davantage :
Dans sa terre enflammée
A la barbe et au nez
Des sceptiques stupides
Le troisième : « Hourra !!! »
Tout lui semble insipide une heure avant la course
Il en tuera la Mort, la montre, les heures, les monstres,
Pour courir sur l'asphalte
Pour exalter sa terre.
C'est le sang des Gorgones qui nous est revenu !
Ne vous y trompez pas : ses chaussures ont des ailes.
C'est le sel de Sicile qui brûle son front nu.
Ne vous y trompez pas, les vélos en cascades
Peuvent rouler
Il nage
Le Requin de Messine
Coudes écartés
Ses ailerons
Mollets vainqueurs
Ses éperons
Fixé sur un seul but, la Victoire qu'il
Dessine.
C'est vrai, il a changé, et en son for, il râle
D'avoir presque perdu
- Il s'en serait pendu -
Le grand art de bouger
Sa colonne
Vertébrale.
D'un accident stupide apparemment fatal
Ou presque
Il a su faire, serrant les dents, le caillou d'une
Fresque.
Hourra pour ce Samson, ce requin, sa mâchoire !
Hourra pour les chansons et les os qui repoussent !
Hourra pour les éclairs qui à chaque secousse
Lui vrillent la colonne !
Il roule
Il n'en a cure.
C'est vrai, il a changé, il est beaucoup moins jeune
Mais il est plus magique
D'avoir acquis
Douleur dans le maquis
En plus des jambes en feu, le grand œil
Stratégique.
Son corps est comme un temple : il est chrétien, saint Paul
De par la croix qu'il porte ajoute à sa vitesse
On crie à la breloque
Il tendrait vers la loque
C'est mal connaître Dieu.
Et ce soir, son dessein, par mes phrases assassines,
De donner de l'encens
Au Requin
De Messine.
C'est vrai, il a changé, ses appuis sont nouveaux :
Pierre après pierre, cœur après cœur, tweet après tweet,
Sur les bords d'internet et les bords du chemin
Il a eu deux Giro, il désire la suite
En descente, il décolle, son guidon hors des mains.
De toutes ses douleurs, il a tiré noblesse
De ses os fracassés frôlant paralysie,
Une colonne neuve, qui s'avance à sa roue
C'est la squadra turquina (beaucoup de jalousie)
Le Requin n'en a cure, c'est l'effort, non la honte, qui rend rouges leurs joues.
On le dit capitaine, je ne suis plus d'accord.
Un peuple est derrière lui, et à lui il se donne.
En amour et prières : sa cinquième colonne.
Celle du Grand Secret. Il est monté en grade et ce soir il est prêt.
« Capitaine » est trop peu pour dire sa légende.
Cela fut vrai un jour et il fut un enfant.
Ce soir, je veux scander, sonner de l'oliphant
Comme un barde voisin dans une île cousine.
Tant d'autres capitaines sortiront des usines.
Formatés, sans éclat, ni destin personnel que l'on peut bien
Sur le point de départ
Saluer
Un colonel.