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La fiancée du Lion
Sainte Thérèse de Lisieux, dont c'est la fête aujourd'hui, disait, entre autres merveilles : "Aimer, c'est tout donner, et se donner soi-même." D'une précocité fulgurante, cette petite Carmélite, que le monde croyait bien ordinaire, est morte à 24 ans en 1897. Elle laisse derrière elle le souvenir d'une vie toute offerte à son Dieu, mais aussi des oeuvres complètes finalement assez brèves, surtout si on la compare à celles d'autres saints, mais si denses qu'elle a été proclamée Docteur de l'Eglise. "Docteur en science de l'amour." Avec des tirages de best-sellers à faire pâlir d'envie, années après années, bien des vedettes de rentrées littéraires et une audience qui dépasse largement les cercles catholiques, et déborde par exemple jusqu'au monde musulman, c'est pour moi, qui la chérirais même si elle était confidentielle, un guide spirituel au quotidien et comme une amie intime, à la fois si patiente et si exigeante. A l'image et à l'inverse de Baudelaire, qui avait ses Fleurs du Mal (dont la publication s'est plus que faite qu'attendre au XIXe siècle), j'ai commencé un recueil de poésies en hommage à sainte Thérèse. Des "Fleurs du Bien" en quelque sorte. Mais je suis hélas bien paresseux : je commence tout, c'est facile, et, Ortelin excepté, je ne finis pas grand chose. Décoller m'étant toujours plus évident que retomber sur mes pattes. Alors, puisque même Baudelaire, que j'ai longtemps beaucoup (trop ?) admiré, s'est autorisé à publier quelques "fleurs du mal" avant les cent premiers poèmes finalement condamnés par son siècle, voici quelques fleurs naïves pour fêter sainte Thérèse avec celles et ceux qui le souhaitent. Des fleurs du bien. Des fleurs données. Peut-être un jour en poussera-t-il d'autres.
Catastrophe en librairie
En ces temps de rentrée littéraire, ce petit rite social si français dont je ne suis pas certain que l'on se préoccupe plus que ça à l'étranger, permettez-moi une petite fable allégorique, en hommage à ma librairie de quartier favorite et, à travers elle, à toutes les librairies de quartier qui résistent de leur mieux aux géants numériques. Qui sait, peut-être verra-t-on un jour, à La Marge ou ailleurs, débarquer pour de bon ma déesse imaginaire, à la recherche de ce que l'on ne peut pas trouver dans une base de données, grâce à un algorithme ou une recherche consciente. S'empare de ce personnage qui veut, je l'offre à notre public.
NUIT DE DECEMBRE
(En réponse au défi poétique de Virginie Lloyd)
Assez pleuré
Le cul de Sand,
Assez mastur-
bé sur la lande,
Cheveux au vent
Que l'on me prête,
Moi le chouinard des romantiques.
Assez passé
Pour la chochotte,
Le larmoyant qu'il faut moucher,
Le p'tit poivrot académique.
C'est bien joli, faire le Grand :
« Moi, je m'exile pour la France.
Retenez-moi ou je respire ! »
C'est vrai, il a pleuré, Victor,
Des larmes parfois belles,
Parfois grandiloquentes :
Boursouflé d'être lui,
Il s'est pris pour Hugo.